Enquête collective 2020-2021 : Histoire orale du GISTI

  • Liora Israël, directrice d’études à l’EHESS
  • Alexandra Poli, chargée de recherche au CNRS
  • Julie Blanc, DCE à l’EHESS

Les conditions exceptionnelles de l’année 2020 – 2021 n’ont pas empêché l’Ouscipo de mener l’enquête. L’enquête collective s’est déroulée en partenariat avec le GISTI (Groupe d’information et de soutien des immigrés) dans le cadre de ses 50 ans d’existence. L’enquête a reposé principalement sur une approche d’histoire orale (recueil de témoignages, dont une partie a été enregistrée et déposée au centre d’archives La Contemporaine de Nanterre).

Reposant essentiellement sur la réalisation d’entretiens biographiques, l’enquête a pu se tenir en s’appuyant sur les outils de visioconférence auxquels nous sommes désormais habitués. Elle a accueilli 12 élèves, répartis en trois groupes.

Louise Tassin

Attachée temporaire d’enseignement et de recherche (ATER) à l’EHESS 

Coordinatrice de l’Ouscipo avec Liora Israël (2018-2019)

Doctorante en sociologie à l’Urmis (UNS)

Louise Tassin est attachée temporaire d’enseignement et de recherche (ATER) à l’Ehess. Elle co-anime l’Ouvroir des sciences sociales potentielles de l’Ehess avec Liora Israël. En collaboration avec Quentin Ravelli et Gwénaëlle Mainsant, elles encadrent ensemble l’enquête collective de l’Ouscipo 2018-2019 en partenariat avec le Défenseur des droits.

Louise Tassin est par ailleurs doctorante en sociologie à l’Urmis (UNS) et fellow de l’Institut Convergences Migrations. Elle est membre du projet ANR Babels, coordonné par Michel Agier, et du réseau Migreurop. Elle a été enseignante monitrice à l’université Paris 7 Denis Diderot.

Sa thèse porte sur les acteurs publics et privés de l’enfermement des étrangers dans l’Union européenne à travers trois études de cas à Paris (France), Lampedusa (Italie) et Lesbos (Grèce). À la croisée de la sociologie de l’immigration, de la sociologie du travail et de la sociologie de l’action publique, son travail vise à contribuer à un champ de recherches encore peu développé : la délégation du contrôle migratoire à des acteurs non étatiques – entreprises, associations et, dans une moindre mesure, riverains. Il repose sur des observations dans les centres de rétention et à leurs abords, des entretiens auprès des professionnels et des personnes enfermées ainsi que l’analyse d’archives, d’articles de presse et de documents issus de la littérature grise.

Louise Tassin a notamment publié « Les frontières de la rétention. Genre et ethnicité dans le contrôle des étrangers en instance d’expulsion », 2016, Critique internationale, n°72, p. 35-52 [lien] ;  avec L. Pillant, « Lesbos, l’île aux grillages. Migrations et enfermement à la frontière gréco-turque », Cultures & Conflits, 99-100 | automne/hiver 2015, [lien] ;  « Accueillir les indésirables. Les habitants de Lampedusa à l’épreuve de l’enfermement des étrangers », Genèses, 2014, n°96, p. 110-131 [lien].

 

N°2 : Normalisation de la PrEP, confiance et moralisme (2018)

Working Paper de l’Ouscipo, n°2, 2018

par Mohammad AHMED, Laure AVRON, Lena BLANCHARD, Chloé BUSSI, Clara CZUPPON, Maxime DAOUD, Kylian GODDE, Sofia LIZZA, Ambre LUCAS, Adèle MOREAU, Julie RODRIGUES-LEITE, Métrey TIV et
Sufjan VALERO.

Sous la direction de Gaëtan THOMAS.

Réalisé dans le cadre d’une enquête collective en partenariat avec AIDES, dans le cadre du Master 1 de la mention « Santé, Populations et politiques sociales » de l’EHESS.

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2016-2017 : Normaliser la PrEP (prophylaxie pré-exposition) ? Enquête collective en partenariat avec AIDES

  • Gaëtan Thomas, ATER à l’EHESS, Mention Santé, populations, politiques sociales (gtn.thomas@gmail.com)

Mardi de 9 h à 11 h (salle M. & D. Lombard, 96 bd Raspail 75006 Paris), du 21 février 2017 au 23 mai 2017

Les étudiants en M1 de la mention SPPS réalisent cette année une enquête sur la Prophylaxie Pré-Exposition (PrEP) avec l’association de lutte contre le sida AIDES. La PreP est une stratégie de contrôle du VIH qui consiste à administrer de façon préventive aux groupes les plus touchés par l’épidémie, essentiellement les gays séronégatifs, un des composants du cocktail thérapeutique utilisé dans le traitement du virus. Après plusieurs années d’expérimentation et de controverse, la PrEP est accessible et prise en charge par la sécurité sociale depuis janvier 2016.

L’enquête des étudiants SPPS porte sur la normalisation de ce dispositif et doit répondre à la question formulée par AIDES du non-recours à la PrEP. Comment expliquer les éventuelles réticences à l’utilisation de la PrEP ? Divisée en trois terrains et autant de modes d’investigation (archives, entretiens ethnographiques et observations), cette recherche débouchera sur un rapport remis à AIDES au second semestre 2017

Léa Duniaud – La pluralité des engagements individuels aux Grands Voisins

Partenaire du projet : Aurore (http://aurore.asso.fr/) – Les Grands Voisins

Aurore est une association qui a été créée en 1871, et qui est reconnue d’utilité publique depuis 1875. Son objectif est d’accompagner les personnes en situation de précarité ou d’exclusion sociale vers une réinsertion.

Aurore est une association historique, qui a longtemps été fermée aux bénévoles : en effet, les portes de l’association leur sont ouvertes depuis trois ans seulement. Cette ouverture marque l’évolution de Aurore, ainsi que sa volonté d’explorer de nouvelles formes d’accompagnement pour les personnes en situation d’exclusion.

Le site des Grands Voisins illustre aussi cette volonté. Afficher l'image d'origineSur le territoire de l’ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul dans le 14e arrondissement de Paris, Aurore coordonne ce projet avec deux autres associations – Yes We Camp et Plateau Urbain – qualifié de « fabrique de biens communs » [qualificatif utilisé sur le site internet des Grands Voisins lesgrandsvoisins.org]. Les Grands Voisins est un territoire qui regroupe à la fois une activité d’hébergement pour des personnes en situation d’urgence sociale et une activité associative ouverte au public extérieur (autrement dit au public qui ne réside pas sur le site). Au total, 150 partenaires font vivre le territoire des Grands Voisins. L’objectif de ce projet est de favoriser l’inclusion des résidents en leur proposant un hébergement au coeur d’une pépinière d’associations, aux activités très variées (par exemple, des animations culturelles, des activités de bien-être, une réinsertion par le travail, ou encore le développement d’outils écologiques). Les modalités de la réinsertion proposée sur le site des Grands Voisins fait figure d’innovation à l’échelle de la France, de part l’importance de l’espace occupé (plus de trois hectares) et le nombre de partenaires présents.

Si l’articulation entre réinsertion et ouverture à un public extérieur semble être un défi, elle met aussi en question le ou les moyen(s) par le(s)quel(s) le public, résident ou non, s’informe et participe à la vie du site.

Présenté par les associations comme un écosystème solidaire, Les Grands Voisins est un projet éphémère : en effet, les locaux sont en train d’être rachetés par la Mairie du 14e arrondissement, et le site fermera vraisemblablement ses portes en octobre 2017.

 

Biographie de l’étudiant : Léa Duniaud

Diplômée d’un bachelor d’école de commerce en 2014, et d’une première année de master en médiation culturelle, Léa Duniaud est actuellement en deuxième année de master à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, mention sociologie générale.

 

Projet de recherche : Comment la création d’un territoire d’activités sociales produit des participations, qui construisent un public ?

Les Grands Voisins est un territoire d’activités associatives et sociales, au sens où le site est aussi le lieu d’implantation de nombreuses associations, pour lesquelles il est devenu un support, un outil, une ressource. Ce qui fait la singularité du site des Grands Voisins, par rapport à un Centre d’Hébergement d’Urgence classique, est son ouverture, autant au public extérieur, qu’aux associations. L’attractivité du site soulève un enjeu central : la gestion de la participation. Comment les participants arrivent-ils aux Grands Voisins ? Par quel(s) chemin(s) ? Et comment prennent-ils part au projet ?

Aurore, Yes We Camp et Plateau Urbain ont fait un pari en ouvrant les portes du site. En conséquence, les participations du public prennent des formes variées : il y a des personnes curieuses, d’autres qui sont plus sensibles aux dynamiques sociales du site, d’autres encore qui sont fortement mobilisées. Finalement, l’ouverture du site permet d’attirer l’attention et de générer un intérêt.

En conséquence, Léa a voulu explorer le sens de la notion de public, mais aussi saisir les différents formats de participation présents sur le terrain des Grands Voisins.

2016-2017 : La prostitution dans l’espace urbain. Enquête collective en partenariat avec le Lotus Bus (Médecins du Monde)

Mardi de 9 h à 11 h (salle 9, 105 bd Raspail 75006 Paris), les 29 novembre, 6 et 13 décembre 2016, puis les 3 et 31 janvier, 21 février, 7 et 21 mars 2017. Une semaine de terrain sera organisée « hors les murs » la semaine du 9 janvier 2017

Initiée dans le cadre de l’Ouvroir de sciences sociales potentielles de l’EHESS (ouscipo.ehess.fr), cette enquête sera réalisée en partenariat avec le Lotus Bus, projet de santé communautaire à destination des femmes chinoises qui se prostituent à Paris, porté par l’association Médecins du Monde (http://www.medecinsdumonde.org/). En mettant à distance le modèle de l’expertise, nous tenterons de réfléchir à la manière dont sciences sociales et acteurs de terrain peuvent co-construire des projets de recherche alliant pertinence sociale et intérêt scientifique.

Au début des années 2000, Médecins du Monde a mis en place un projet pour répondre aux besoins sanitaires des femmes chinoises qui se prostituent à Paris. Celles-ci étaient en effet largement exclues du système de santé, notamment en raison de la barrière de la langue. Dans le cadre des programmes de réduction des risques, le Lotus Bus vise à fournir aux personnes se prostituant les outils nécessaires pour se protéger, des MST et IST, ou des violences qu’elles peuvent subir, à la fois en tant que migrantes et en raison de leur activité de prostitution.

L’enquête s’attachera à comprendre la manière dont ces activités de prostitution s’intègre dans différents secteurs de Paris, en prêtant notamment une attention particulière aux différents usages de l’espace public, à l’activité des services médico-sociaux, aux pratiques policières, aux attitudes des riverains et aux débats politiques locaux.

L’enquête peut accueillir jusqu’à vingt participants, répartis en trois groupes. Elle permettra aux étudiants de se familiariser avec des méthodes diverses : observation, entretiens, analyse de contenu et statistiques descriptives. Les premières séances seront consacrées à la définition de la problématique et la préparation de l’enquête de terrain. La collecte des données se fera sur une semaine complète (semaine du 9 au 14 janvier 2017). Les séances suivantes seront consacrées à l’analyse des données, puis au travail d’écriture. Enfin, une séance de restitution sera organisée.

Manon Torres – L’accompagnement à l’emploi des usagères d’un CIDFF

Partenaire du projet : un Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des familles (CIDFF)

Image CIDFF_zoomlargeLes CIDFF sont des structures associatives qui se donnent pour but de favoriser l’autonomie des femmes, les soutenir dans leur vie professionnelle et promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes. Le CIDFF étudié fait partir du réseau de 114 associations locales coordonnées par le Centre National d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles (CNDIFF), créé en 1972.

Ce CIDFF tient des permanences hebdomadaires dans plus de 15 villes du département francilien où il est situé, dédiées à l’accès au droit et en direction des femmes victimes de violences sexistes. Il fournit un accompagnement à l’insertion professionnelle individuel et collectif et anime des séances d’informations sur les enjeux de l’égalité femmes-hommes destinées aux professionnels dans les domaines de l’emploi et des ressources humaines notamment. Le CIDFF intervient également dans les écoles lors d’interventions visant à déconstruire les stéréotypes de genre.

Biographie de l’étudiante : Manon Torres

Titulaire d’un master de Sciences de la société de l’Université Paris-Dauphine, Manon Torres est étudiante en master 2 Genre, politique et sexualité à l’EHESS. Après un premier travail de recherche portant sur le rapport au droit antidiscriminatoire des intermédiaires de l’emploi, sa recherche actuelle cherche à saisir les interactions entre des professionnel-les de l’insertion et des femmes, généralement immigrées et en situation précaire, en recherche d’emploi. Ses recherches se situent à l’intersection de la sociologie des discriminations, de l’emploi et de l’action publique.

Projet de recherche : L’accompagnement à l’emploi des usagères d’un CIDFF

Ce travail de recherche prend pour objet l’accompagnement à l’emploi des femmes usagères d’un CIDFF francilien. Il s’agit de réaliser une enquête dans le secteur dédié à l’emploi de la structure, en étudiant la façon dont on traite de l’insertion professionnelle de femmes immigrées et précaires dans le cadre d’une association de défense des droits des femmes. On s’intéressera à la fois aux problématiques organisationnelles que rencontre l’association et aux expériences des usagères, avec une attention portée sur leurs parcours, leur rapport au droit et sur la question des discriminations.

Le partenariat de recherche, mené avec le CIDFF et conclu par le biais de l’Ouscipo, facilite l’accès au terrain et engage à restituer les résultats à l’association. L’enquête supposera d’assister à des permanences individuelles et à des ateliers collectifs sur la recherche d’emploi, afin de réaliser des observations de ces séances. Ces ateliers serviront également de point de départ à des entretiens menés avec les femmes qui les fréquentent ainsi qu’avec les professionnelles de la structure. Au niveau de la restitution, il est envisagé de proposer au CIDFF une présentation orale ainsi qu’une synthèse des résultats de la recherche à la suite de sa réalisation.